Thierry Mugler – Couturissime : poétique et superbe exposition

Crédit photo : Musée des Beaux-Arts de Montréal

Mardi 26 mars 2019, c’était jour et soir de fête au Musée des beaux-arts de Montréal, car se déroulait, en avant-midi, la conférence de presse en la présence de Thierry Mugler, et se tenait en soirée le très attendu vernissage de la grande exposition hommage consacrée à son génie créatif intitulée Thierry Mugler : Couturissime. Une foule impressionnante s’était d’ailleurs assemblée en soirée pour ce mémorable événement.

Cette grande exposition retrace la carrière et l’oeuvre de ce génie créateur à l’imaginaire particulier, débordant de poésie et de sensualité qui a marqué l’univers collectif de la mode et de haute couture de 1967 jusqu’à son départ du domaine en 2002. Cette exposition révèle également les multiples talents du créateur qui est grand couturier français, metteur en scène, photographe et parfumeur.

Pour  cette occasion, c’est plus de 150 tenues, restaurées et exposées, pour la première fois devant public qui ont été créées entre 1977 et 2014. De nombreux accessoires, costumes de scènes, vidéos, archives et croquis sont également présentés.

Le grand public pourra également admirer une centaine de tirages rares des plus grands artistes et photographes de mode tels que Jean-Paul Goude, Karl Lagerfeld ou Max Abadian. Une galerie entière est aussi dédiée à l’heureuse collaboration entre Thierry Mugler et le photographe Helmut Newton.

Cette riche exposition est divisée en six thématiques telle une pièce de théâtre divisée en six actes différents.

L’acte premier intitulé MACBETH & LADY M raconte la triste histoire de La tragédie de Macbeth, pièce écrite par William Shakespeare en 1606.

Cette histoire raconte le destin de Macbeth, chef des armées victorieux à l’époque de l’Écosse médiévale.

Dans cette salle d’exposition, le visiteur pourra admirer les hallucinantes créations réalisées en 1985 pour la Comédie Française lors de la présentation du Festival d’Avignon.

Les imposants costumes fabriqués de cuir et de métal représentent des armures et cuirasses magistrales laissant apparaitre des pourpoints-musculatures étonnants.

Une oeuvre numérique réalisée par Michel Lemieux, concepteur et réalisateur bien connu, est projetée virtuellement sur le mur du fond de la salle. Intitulée La dissolution de Lady Macbeth cette réalisation est troublante et fascinante à la fois.

L’acte second intitulé LA MODE MISE EN SCÈNE est nettement plus joyeux. Déclarant que sa seule vraie vocation est le spectacle, Thierry Mugler conçoit en 1984, dans le cadre du 10e anniversaire de sa maison de couture, un défilé-spectacle, opératique, qu’il ouvre au public afin de présenter sa collection A/H lors de l’inauguration du Zénith à Paris.

Le podium du défilé se transforme alors en comédie musicale, écran hollywoodien et cabaret des plus glamours, ses mannequins incarnant ainsi des personnages de science- fiction et de superhéroïnes bien assumées remplies d’humour.

Durant cette époque, les vêtements de Mugler sont portées par des célébrités telles que David Bowie, Diane Dufresne, Céline Dion, Madonna et Beyoncé.

L’acte trois intitulé BELLE DE JOUR & BELLE DE NUIT plonge littéralement le visiteur dans l’univers réinventé par le créateur de la décennie 1970. À contre-courant des modes du temps, il propose la femme glamazone, celle qui se veut moderne, chic, urbaine et fantaisiste à la fois. Désormais, pour Thierry Mugler, le pouvoir de la séduction féminine rime avec réussite professionnelle.

Le style power dressing est à l’honneur. Par ses coupes anatomiques imposantes, ses silhouettes architecturales, ses immenses chapeaux, ses épaules bien marquées, ses robes moulantes, ses rutilants corsets et ses interminables cuissardes, la femme Mugler est assumée et en pleine possession de ses moyens.

L’acte quatre intitulé DANS L’OEIL DU PHOTOGRAPHE plonge maintenant le visiteur dans l’univers de la photographie de mode. Remplaçant désormais les illustrations popularisées durant les années 60, le rôle des rédacteurs en chefs des magazines est dès lors de soutenir les jeunes créateurs, mannequins et photographes de mode.

L’acte cinq intitulé MÉTAMORPHOSES permet de découvrir un monde animal fascinant. Depuis toujours Thierry Mugler s’intéresse à ce qu’il appelle le plus bel animal au monde soit l’être humain. Selon lui, la séduction fait référence au monde animal qui l’inspire à concevoir des créations fantastiques. Quatre collections voient ainsi le jour et marquent cette fascination.

Il conçoit en 1989, Les Atlantes une collection ou des nymphes aquatiques peuplent les fonds marins de leurs costumes. Bustiers coquillages, jupes paréo et robes à effet de raie manta, basques superposées sur les hanches de ses tailleurs font de ces muses des personnages marins plus grands que nature.

La collection Le bestiaire que Mugler réalise est inspirée des insectes, reptiles, oiseaux et papillons. Novateur, Thierry Mugler utilise des matières synthétiques afin d’imiter les pelages et carapaces.

En 1997, la collection Les Insectes comprend, à son tour, de spectaculaires robes fourreau dont la matière utilisée rappelle sans contre dit la carapace de ceux-ci.

La collection A/H 1997-98 La Chimère présente une créature tirée tout droit de la mythologie possédant une armure articulée, des écailles brodées de cristaux, de faux diamants, de plumes et de crin de cheval. Création qui a demandé, on s’en doute bien, des milliers d’heures de travail.

L’acte final de cette fabuleuse exposition intitulée COUTURE GYNOIDE & FUTURISTE est impressionnant à voir en raison des silhouettes aérodynamiques et robotiques des costumes qui s’en dégage.

La collection anniversaire, A/H 1995-96, des 20 de la maison de couture, propose La Mashinenmensch cette femme-robot qui est un chef-d’oeuvre de réalisation de par sa technique inédite de bustier coulé en chrome et de sa combinaison fabriquée en plexiglas.

En 1989, Thierry Mugler présente sa collection Hiver Buick, afin de rendre hommage à l’Américain Harley J. Earl, qui a dessiné les légendaires ailerons des Cadillac Eldorado en 1959. Il conçoit alors de façon humoristique des robes fourreaux amovibles, des bustiers dits pare-chocs, des ceintures d’allure radiateur et des sacs munis d’ailerons.

Bref, une surprenante exposition, remplie de poésie, définitivement à voir pour tous les amoureux d’art, de beauté, de mode, de créativité, d’avant-gardisme et d’humour!

Diane Lessard

Diane Lessard est native de Québec et est passionnée par l’art et la mode depuis toujours.

Détentrice d’un baccalauréat en Gestion et Design de la Mode et d’un Certificat en Marketing de l’ESG de l’UQAM, elle œuvre au collège LaSalle de Montréal en tant que formatrice en ligne pour le programme de commercialisation de la mode depuis 10 ans. Elle est également l’auteure du cours : Analyse des facteurs influents du marché de la mode enseigné à ce collège.

Elle a, de plus, collaboré au journal Métro en tant que rédactrice des cahiers mode et spéciaux. Diane Lessard a couvert la Semaine de Mode de Montréal en octobre 2006 pour les collections P/E des designers d’ici.

Passionnée par la rédaction, elle tente, par ses propos, de promouvoir la mode québécoise à son meilleur. Active depuis plus de 30 ans dans l’univers de la mode, Diane Lessard tente de contribuer afin d’apporter ce grain de sable modeste qui peut servir à faire évoluer ce domaine rempli de défis.